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Le 12 décembre 2019 à Bogota, c’est tenu le 14èmeComité Intergouvernemental de Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO.

Ce Comité a débuté avec une inauguration colorée grâce au Carnaval de Barranquilla, auquel était présent le Président de la République de Colombie, Monsieur Ivan Duque, et la Directrice Générale de l’UNESCO, Madame Audrey Azoulay.

Pendant presque une semaine, plus de 1400 participants représentant 134 pays se sont retrouvés lors d’une session plénière et de plusieurs autres événements parallèles avec des experts du internationaux partageant leurs expériences sur les différentes façons de préserver le patrimoine culturel immatériel en situations de crises.

C’est au cours de ce Comité, que plusieurs nouveaux éléments ont été inscrits sur les listes de sauvegarde de l’UNESCO, dont le Silat, présenté par la Délégation Permanente de la Malaisie.

L’Indonésie, de son côté, à également fait inscrire les traditions du Pencak Silat sur cette même liste.

Décision du Comité

Nous retranscrivons pour vous ci-dessous la décision du Comité quant à l’inscription du Silat sur la liste du patrimoine immatériel et culturel de l’UNESCO.

Le Comité,

  1. Prend note que la Malaisie a proposé la candidature du silat (n 01504) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
    Le silat est un art martial d’autodéfense et de survie enraciné dans l’archipel de la Malaisie. Remontant au début du royaume de Langkasuka, le silat a évolué pour devenir une pratique élaborée d’entraînement physique et spirituel, incluant des tenues traditionnelles malaises, des instruments de musique et des coutumes propres au silat. Il existe de nombreux styles de silat inspirés par les mouvements des corps, de la nature et des animaux. Par exemple, le silat harimau regroupe des mouvements esthétiques et rythmiques qui imitent les postures de défense et d’attaque du tigre. Rien qu’en Malaisie, il y a plus de 150 styles de silat connus reprenant les noms d’éléments naturels tels que des animaux ou des plantes. À l’origine, le silat malais était pratiqué par des guerriers – nobles défenseurs de la justice – mais aujourd’hui les praticiens sont des maîtres, gourous, enseignants et élèves qui assurent la pérennité de la pratique. Les entraînements se déroulent généralement le soir ou la nuit dans un lieu ouvert tel qu’une cour intérieure, dirigés par un maître et un « jurukaka ». Un grand nombre de praticiens ont été formés et encouragés, et un nombre grandissant de centres de formation ont été créés dans plusieurs régions. Compte tenu de l’accélération de sa diffusion, la pratique a de plus en plus transcendé son statut d’art martial pour devenir un art du spectacle. Le silat est donc devenu un sport populaire pour la santé et le loisir.
  2. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
    • R.1 : Le silat représente l’identité malaise et est un moyen de mettre en lumière les interactions sociales entre les communautés. Il est pratiqué lors des cérémonies de mariage traditionnelles malaises, des inaugurations officielles et comme spectacle de bienvenue pendant les fonctions officielles du gouvernement malais, comme le couronnement du roi. En tant qu’art martial, il comporte des principes philosophiques fondés sur le respect mutuel et la connaissance de la nature et de l’univers. Son apprentissage renforce l’agilité, l’habileté et une attitude réfléchie, stratégique, audacieuse, confiante, diligente, créative et courtoise.
    • R.2 : L’inscription de l’élément contribue à la visibilité et à la sensibilisation du patrimoine culturel immatériel en général en faisant davantage connaître le patrimoine culturel immatériel qui y est associé tel que la musique traditionnelle, la danse et les autres arts du spectacle et de l’artisanat. Le silat encourage le dialogue entre les communautés, les groupes et les individus et promeut la diversité culturelle en étant un moyen d’exposition des interactions sociales entre les communautés et un vecteur pour les échanges culturels internationaux.
    • R.3 : Les mesures de sauvegarde proposées incluent la participation active des communautés du silat dans les phases de planification et de mise en œuvre. Ces mesures comprennent la recherche et la documentation ainsi que des centres de formation pour promouvoir la transmission du silat qui sont appuyés par les organismes compétents de l’État partie. Afin de contrer d’éventuels impacts négatifs, un plan de gestion et de suivi sera élaboré.
    • R.4 : La candidature du silat a été portée par des praticiens, ainsi que par les communautés et associations concernées : la Persatuan Dunia Seni Silat Melayu Malaysia et la Persekutuan Silat Kebangsaan Malaysia. Le formulaire de candidature a été rempli à l’issue d’entretiens avec les maîtres du silat, des praticiens et des communautés et associations concernées, après s’être assuré de leur consentement à la candidature.
    • R.5 : Le silat a été inclus dans un inventaire du patrimoine immatériel en 2008 et déclaré patrimoine national en 2009. La Division du patrimoine culturel immatériel, rattachée au Département du patrimoine national, et le Ministère du tourisme et de la culture de la Malaisie sont les entités responsables de la gestion et de la mise à jour de l’inventaire.
    • Décide d’inscrire le silat sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  3. Encourage l’État partie, lors de la soumission de dossiers de candidature dans le futur, à s’efforcer de répondre à des questions spécifiques d’une manière claire et succincte ;
  4. Encourage en outre l’Etat soumissionnaire à prêter attention aux éventuels résultats imprévus qui résulterait de l’inscription de l’élément, l’invite à y réfléchir lors de la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées et encourage également l’État partie soumissionnaire à garantir que les mesures de sauvegarde incluent la participation active des communautés dans les phases de planification et de mise en œuvre et à avoir des orientations claires pour empêcher les impacts négatifs possibles de l’inscription de l’élément.

Source : https://ich.unesco.org/fr/decisions/14.COM/10.B.22